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Giampaolo Amoruso 

GIAMPAOLO AMORUSO LES COULEURS DE LAME 


Giampaolo Amoruso Jean-Paul le bien-aimé, du nom d'un chevalier qui naviguait au XVIIe siècle entre Naples et Sicile. Il aimait le peuple, lequel lui rendait bien. Giampaolo Amoruso, version 21e siècle, est un artiste du verre qui frôle les quarante ans. Fils d'émigré sicilien, né à Boussu, près de Mons, il crée du bout de sa canne depuis une dizaine d'années des personnages aux ventres rebondis, aux yeux tendres, aux gestes pathétiques qui expriment, mieux que des portraits, l'intense autointrospection de l'espèce humaine. Il y a les têtes blanches, de nature féminine, sereines et graves, comme les vierges de Memling, qui attestent de sa culture flamande. Il y a les têtes noires, d'une mélancolie profonde, ' qui portent le poids du monde. Il y a les personnages rouges, solaires, qui tendent leurs bras vers le ciel -d'où ils descendent peut-être- pour rendre compte d'un spectacle terrestre mêlé de confusion. À 15 ans, Giampaolo quitte l'école où il s'ennuyait ferme pour entrer comme apprenti souffleur aux cristalleries de Boussu. L'entreprise donne des cours de formation sur trois années. Pendant la pause, chacun taquine le verre dans la tradition des bousillés mais critique, sans les comprendre, les premières poupées messagères du jeune souffleur. Quand les cristalleries ferment en 1988, Giampaolo travaille avec Edward Leibovitz et devient l'as- sistant de J-P. Umbdenstock. Appuyé par Louis Mériaux, fondateur du Musée-atelier du verre de Sars-Poteries (qui venait parfois acheter du calcin aux cristalleries) Giampaolo obtient une bourse pour suivre un stage avec Mieke Groot. «Là, explique-t-il, j'ai vu plein de trucs : des gens qui travaillaient en toute liberté, coulant même du verre dans le sable ! Cela a été pour moi un véritable déclic qui m'a donné l'envie de vivre et de créer».


En 1996, Giampaolo ouvre son atelier à Deerlijk, en pays de Flandres. La rencontre avec le sculpteur et céramiste José Vermeersch, ténor de la figuration à grandeur humaine, qui lui demande de traduire en verre certaines de ses oeuvres, est détermi riante. Elle lui donne l'audace de provoquer plus loin la matière pour s'exprimer avec force. Giampaolo n'aime pas les discours d'artistes et ne sait pas parler de la réflexion qui alimente en amont son travail : «Je ne peux que fonctionner spontanément, expliquet-il au contraire. Si je souffle une tête, ce n'est qu'au tout dernier moment que je décide de son expression». Constatation surprenante : Giampaolo Amoruso ne s'intéresse pas tellement au monde du verre, son support privilégié, mais passionnément à celui de la peinture dont une foule d'oeuvres occupe les murs de sa maison. «La transparence, c'est surtout utile pour voir ce que l'on boit, lance-t-il par plaisanterie. En sablant le verre, j'obtiens une translucidité qui donne corps à la forme... Je ne représente pas l'homme tel qu'il est, avec poils et cheveux. L'important, c'est le regard, la bouche, l'oreille. Je suis nourri par les histoires, les dia logues saisis au vol, les paroles devinées». Qui sont alors ces gens avec leurs drôles de manières ? Vous, nous, les autres... Peints de l'intérieur, aux couleurs de l'âme.

 Colette. Save