“My portrait by Charles Szymkowicz 1998“

      Giampaolo Amoruso           

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 Enfant, il grandit à l'ombre des Cristalleries de Boussu, fondées en 1836 et donc presque aussi anciennes que la Belgique. Son père s'y était établi venant de la Sicile. Cet ouvrier mineur et homme de toutes mains lui donna le goût du travail et un sens instinctif pour toute matière lui tombant sous la main. De sa mère il hérita une application incessante. Son signe zodiacal - taureau, 9 mai 1961 - n'est certainement pas sans influence. Cela allait de soi que Giampaolo commençât comme apprenti-souffleur de verre dans la cristallerie locale. Mais expressif comme il est, il recherchait plus que l'exécution de ce qui lui était prescrit. Le verre, déjà alors, était pour lui, bien plus qu'un gagne-pain, une façon de s'exprimer. Mais possédait-il le talent? Désirant tirer la chose au clair et se libérer des consignes contrariantes et des frustrations de la vie de fabrique, il va aller en apprentissage chez un styliste remarquable, Claude Laurent, à l'Ecole des Métiers d'Art de la Province du Hainaut à Mons. Dans l'atelier de SarsPoterie dans le Nord de la France, devenu assistant de l'artiste verrier, Jean-Pierre Umbdenstock, il sera fixé sur son avenir dans la voie choisie. Depuis l'an dernier, il s'est aménagé un atelier à Deerlijk, son nouveau bercail près de Courtrai, où son art s'épanouit pleinement. Un artiste devrait en principe possedé deux qualités principales: il se crée une langue spécifique, un moyen à utilisé pour sa démarche communicative; il doit avoir un message et posséder le talent de l'exprimer puis la faculté expressive de la transmission de valeurs. Celui qui n'a rien à dire doit se taire, n'est-ce pas? Giampaolo rassemble ces qualités. C'est un artisan, au sens le plus propre du mot. Il perçoit rapidement la problématique de la matière première, les propriétés d'une masse qui doit devenir une forme pourvue d'un contenu spirituel. Encore jeune, il dispose déjà d'une gamme d'accords artistiques qui se sont identifiés avec l'essence de sa faculté d'expression. Son métier d'artiste est incontesté. Giampaolo donne comme à ses humeurs, aux pensées qui le préoccupent, ses idéaux artistiques. Il exprime ses aspirations d'homme juvenil, aussi bien que le caractère temporaire de l'existence humaine. Il considère avec une ironie douce le battage futile des esprits bornés de ce monde. De même, il se laisse inspirer par des bribes de réalité: attitudes de personnes familières ou rencontrées par hasard, paraissant vivre au jour le jour, pour qui chaque instant pourrait être à nouveau toute la vie. Par là, il peut synthétiser de manière adéquate le fait divers, l'accidentel narratif. bien qu'il puisse en être autrement, il se limite à un mode d'expression spécifique, reconnaissable: par des figures sphériques, des têtes, des poissons et d'autres animaux. Ses formes sont baroques, enflées et malgré tout légères, présentes matériellement, ayant parfois l'esprit absent. Le corps humain, la tête sont les éléments de base des figurines gesticulantes, souvent des couples, s'étirant souvent en hauteur, mais nullement désireuses de s'arracher à la mère terre; une grimace ou une tête bouffonne avec un crâne bien arrondi. Les petits yeux apitoyés ou fourbes se rapprochent; les petites oreilles suggèrent une réceptivité restreinte. Ces statuettes, si elles sont guère influençables, intriguent cependant le spectateur. 

Jan Walgrave